Eoin Dillon, son disque Pondelorum
Pondelorum, le disque personnalisé d’Eoin Dillon
Pondelorum le disque d'Eoin Dillon est paru en 2017 chez Buda Musique.
Eoin Dillon a publié son premier enregistrement solo The Third Twin en 2005 (nommé l’un des meilleurs albums traditionnels de l’année par RTE Radio One) suivi en 2010 de The Golden Mean.
Le disque est illustré par une représentation de Molloy/Eoin Dillon, sur une bicyclette avec des béquilles par la franco-canadienne Isabeau Doucet
Fables, paraboles ou histoires vraies ?
Avec Pondelorum, on peut mesurer une nouvelle force de proposition avec la contribution de seize collaborateurs musicaux : Graham Watson, Seanan Brennan, Brian Hogan, Mícheál Ó Súilleabháin, Josh Johnson, Alex Borwick, Hugh O Neill, Rónán Ó Snodaigh, Brian Fleming, Aedin Martin, Barry Caroll, Eamonn Gall Dubh, Cormac Mac Diarmuida, Fintan Jones, Marguerite Collins, Joe Doyle.
Ainsi Pondelorum, le titre de cet album un peu fou est un mot fantaisiste qu’il a inventé pour évoquer son territoire poétique, inspiré d’un conte universel pour enfant interprété par le maître poète et piper Séamus Ennis (1913-1982).
Avec ce troisième album, Eoin se livre davantage et avec bonheur, et rédige quelques récits ou paraboles amusantes illustrant le livret, dont les titres apparaissent décalés avec les morceaux musicaux eux-mêmes mais bien en phase avec l’imaginaire irlandais. Mais qu’importe, l’artiste est en roue libre et évoque le Molloy de Samuel Beckett (1906-1969) et notamment dans un esprit « incompréhensible tantôt mer tantôt phare ».
La structure du disque peut déboussoler avec cet Molloy/Eoin qui erre apparemment, hanté par ses propres fantômes. Mais ici, Dillon se fait bavard et à l’instar de Beckett, les diverses anecdotes musicales finissent par donner du sens.
Pondelorum met en avant les singles Marina’s Kitchen avec Mícheál Ó Súilleabháin au clavecin et Dancing on the Radio/Port Con Durham, la piste d’ouverture de l’album correspond à l’historiette In off the road qui évoque la route pour arriver à la maison du claveciniste Micheál O’Suileabháin, un départ joyeux frais et coloré.D’autres fables et paraboles amusantes, ou histoires vraies illustrent les différents morceaux. Marina’s kitchen est une charmante mazurka-valse, une rêverie dans une cuisine extraordinaire. Il s’agit de Marina Guinness, de la célèbre famille, qui a prêté sa salle de bal pour l’enregistrement de l’album. On se rapproche d’une recette à la Jacques Demy, Peau d’Âne (Charles Perrault, 1694).
Et d’un âne, il en est question un peu plus loin dans I shot the monkey. C’est ensuite un Pondelorum joyeux et burlesque qui résonne avec le troisième morceau puis une balade enfantine et sans doute que les cloches de Christchurch sonnaient l’angélus le jour de la naissance d’Eoin Dillon. Puis on poursuit en roue libre avec Cock of the walk puis furieusement avec le reel d’Hugo Chavez et un hommage à Flor Begley, le piper historique de Crossbarry, avec une bataille musicale échevelée. Uisce Faoi Thalamh est hérité du baroque irlandais harmonisée par le clavecin, un des titres mélancoliques de l’album. Le dernier titre théâtral, Swan song ou le chant du cygne, prend une couleur jazzy avec le trombone d’Alex Borwick et on découvre un nouveau registre de cet artiste novateur pour la musique irlandaise. Car, Pondelorum est un album remarquable, tout en énergie, dans le respect de la musique traditionnelle.